dimanche 10 mars 2013

Parade nocturne des sans-amour


Dans la pesante tiédeur du givre matinal,
Des anges écorchés dorment sur le plancher de danse
Leurs ailes pleines de foutre, l’auréole suintant de sang et de sueur
Dans le coma du houblon, les faunes s’électrisent
 

Hier soir, trop de jeunes filles pleuraient dans les abribus
Et moi, suave sourire sur mes lèvres mauve, ça m’attendrissait
J’étais comme une putain au cœur serti de diamants fissurés
J’hurlais des maux d’amour, que personne n’entendait
 

Dans mon jeans trop moulant, avec le sexe comme une grosse grimace
mon « boner » faisant un superbe doigt d’honneur aux allumés d’Aphrodite
Ma vertu en prenait pour son rhume dans une valse sado-maso
J’avais le vice qui transpirait sur la langue,  comme Alice au bordel des merveilles
Le regard terriblement échancré, je défonçais des bouches-cathédrales
Mais j’avais le cœur au bord des larmes, un homme-enfant noyé dans le miel
 

Je suis devenu biche aux ébats brulants pour une orgie céleste
On m’a corrompu le cierge, et mes prières ont pris l’eau
Les tambours explosaient des hymnes un peu froissé
Mais goûtant bon la rouille et les promesses maudites
L’aube démasqua les princes non-charmants
Toute bonne débauche ayant fatalement une fin
 

Ce soir encore, beaucoup de jeunes filles pleureront dans les abribus
Et vainement, je serai résigné à faire comme elles
Mais ce ne sera pas attendrissant du tout
Ce sera simplement une autre symphonie pathétique
Que personne n’entendra, que personne n’applaudira
Soyez gentils… lancez-moi des bisous de neige

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